
Si vous achetez une caméra de bonne qualité, à quelques exceptions près, un des avantages principaux est la capacité de choisir son objectif pour prendre une image avec des propriétés différentes, vous approchez d’un oiseau avec un téléobjectif par exemple. Malheureusement, il est un peu plus compliqué à évaluer un objectif qu’une caméra au premier coup d’œil. Il n’y a pas simplement plus des mégapixels. La force des systèmes reflex et mirrorless est la versatilité que l’on a pour personnaliser notre équipement selon nos besoins et nos intérêts. Dans mon cas, j’adore le portrait, alors peu importe la caméra que j’ai, j’ai également au moins un objectif entre 70 et 200mm afin d’interpréter ce type de sujet.
Si vous prenez le temps de lire toute l’information qui se trouve sur un objectif de caméra, vous en aurez probablement pour ce qui semble être plusieurs minutes. Reconnaitre les modèles d’objectifs devient en quelques sorte un rite de passage pour un certain genre de photographe amateur. On m’approche des fois sur le terrain avec le brise-glace:
– C’est bien une 70-200mm F2.8 stabilisée sur ton boitier ?
Et ma réponse presque automatique : – Non c’est la F4.0, je n’ai toujours pas trouvé une âme sœur qui est également chiropraticienne. (J’aimerais mieux travailler dans une mine à l’aube de l’âge industriel que volontairement haler un tel zoom autour du coup pour une randonnée.) Tentant ensemble de décortiquer les principaux attributs des lentilles et leur usage dans nos photos. Ensuite on pourra choisir un objectif avec confiance pour réaliser nos buts.

On sépare en deux types de formats d’objectifs, les zooms, plus communs et ce à quoi on pense habituellement et les objectifs fixes, qui sont historiquement plus traditionnels.
La différence entre les deux? Sur un zoom on peut zoomer. Pour dépoussiérer mon diplôme en enseignement, une explication plus pédagogique: on modifie la longueur focale de notre objectif (le chiffre en mm), ce qui change le champ de vision de notre caméra. On reviendra à comment classer les objectifs selon leur longueur focale. Et sur un objectif fixe? On zoome avec les pieds, car ce que vous voyez à travers le viseur c’est tout ce que vous aurez.
L’ouverture de l’objectif photo
Alors, pourquoi voudrait-on avoir une 50mm plutôt qu’une 18-55mm? Eh bien, cela nous amène à décortiquer une information cruciale sur l’objectif, son ouverture. Je vous recommande d’être familier avec l’ouverture du diaphragme ainsi que du triangle d’exposition. Typiquement sur un objectif de base de 18-55m ou similaire qui est offert avec la caméra, il y a une ouverture qui varie entre F3.5 et F5.6. Et sur un objectif fixe de 50mm, on trouve des modèles qui sont lumineux à F2.0, F1.8, F1.4 et même des fois à F1.2. Et comment traduire ces chiffres en exemple concret? Il y a 16 fois plus de lumière qui entre dans votre caméra à F1.4 qu’a F5.6. C’est la différence entre rouler en Vespa ou en Bugatti. Malheureusement, c’est souvent aussi la différence entre se *payer* une Vespa ou une Bugatti. Pas pour rien qu’il vous donne la 18-55mm avec la caméra. Je recommande tout de même de s’offrir un objectif fixe à prix raisonnable, une F1.8 ou F1.4 donne des résultats superbes. Vous aurez donc l’option de photographier à l’intérieur sans flash et de pouvoir créer de beaux flous dans vos arrière-plans. La capacité à créer un joli bokeh, ou flou crémeux en arrière-plan, est souvent ce qui déclenche une accumulation soudaine en Air Miles pour les photographes. Heureusement, la plupart des marques ont une version abordable de 50mm F1.8.

En bonus, les objectifs fixes on bien souvent une meilleure qualité optique que leurs cousins zooms. Alors un meilleur contraste, netteté, rendue des couleurs, etc.
Taille du capteur
Lorsque l’on parle d’une longueur focale particulière, c’est toujours par rapport à sa longueur sur un capteur de 35mm. Lorsque l’on à une caméra qui n’est pas plein capteur (une bonne option pour la majorité des gens) la longueur focale va être un peu plus longue que celle écrite sur l’objectif. Ce qui se passe c’est que l’image projetée par l’objectif sur le capteur est plus grande que la surface du capteur, alors c’est comme si on recadrait l’image, donc on réduit le champ de vision de notre image du même coup.
Si vous possédez une caméra avec un capteur de type APS-C, on doit multiplier la longueur focale de notre objectif par un facteur de 1.5 pour Nikon et 1.6 sur Canon pour avoir l’équivalent. Donc une 50mm est l’équivalent d’une 75mm sur Nikon et 80mm sur Canon. Est-ce que vous devez sentir le besoin de vous procurer une caméra plein capteur? Non, pour de la photo professionnelle, je crois que la meilleure sensibilité ISO et plage dynamique du plein capteur est apprécié, mais pour la majorité des gens, la différence est modique pour la différence de prix. Vous pouvez lire également sur la profondeur de champ pour vous faire une idée sur l’impact de la taille du capteur.
Il faut aussi tenir compte du fait que les marques ont régulièrement des types d’objectifs qui sont uniquement compatibles avec un boitier avec plus petit capteur. Par exemple, chez Canon leurs objectifs normaux sont des EF et seront compatibles avec une caméra plein capteur ou plus petit capteur APS-C en tenant compte du multiplicateur de 1.6 pour leur longueur focale. Canon a également des objectifs de type EF-S qui sont faits spécifiquement pour les boitiers APS-C et ne couvriront pas l’ensemble du capteur avec un boitier plein format. Idem pour Nikon qui ont leurs lentilles normales comme des FX et celles pour petits capteurs sont des DX.
Poids
On néglige souvent cet aspect, mais songez toujours au fait qu’avoir un objectif plus lumineux ajoute du poids. Si vous passez d’un zoom F4.0 à F2.8 il faut considérablement plus de verre dans l’objectif afin de transmettre cette lumière additionnelle. Je me suis procuré la 24-105mm pour ma Sony récemment et c’est plus dense qu’une brique et c’est juste une F4.0. Ma recommandation est de tester l’objectif en magasin. Et du coup de l’acheter dans ce magasin plutôt que sauver 20$ sur Amazon. C’est à la longue ce qui va faire survivre des magasins si spécialisés et qui peuvent vous donner des conseils pratiques.

Usage habituel des objectifs photo selon le type d’image
On peut classer les objectifs principalement par leur longueur focale.

Les objectifs photo grands-angles

Les grands-angles nous donnent un champ de vision très large et sont particulièrement populaires pour la photo de paysage ou d’architecture. On peut inclure toutes les longueurs focales en bas de 35mm dans cette catégorie, donc les zooms 10-20mm, les 17mm ou lorsque vous utilisez votre 18-55mm dans son extrémité large. Lorsque vous photographiez avec un objectif aussi large, vous êtes en train d’étirer la perspective pour avoir un champ de vision aussi grande. La conséquence? Les objets sembleront être plus éloignés entre eux.
Faites le test! Placez des fruits sur une table à 50cm d’intervalle et prenez une pose à 18mm ou la largeur maximum de votre objectif avec un fruit en avant-plan. Reculez et zoomez afin d’avoir le fruit en avant-plan de la même taille dans le cadre. Est-ce que le fruit en arrière-plan semble plus loin dans une des versions? Voilà la compression et l’étirement de la perspective.

Les longueurs focales standards pour les objectifs photo

Les longueurs focales normales ou standards: Ce qui se trouve entre 35mm et 70mm peut être classé comme standard, c’est à dire assez proche de notre propre champ de vision. La perspective ne sera pas particulièrement exagérée par ces longueurs. C’est souvent populaire pour de la photo de rue, évènementielle ou n’importe quand lorsque vous voulez juste montrer un sujet dans un contexte sans trop l’isoler comme avec un téléobjectif. Je recommande toujours de s’amuser avec ces longueurs focales plutôt que simplement zoomer aux deux extrémités de votre objectif.

Les téléobjectifs

Lorsque l’on dépasse 70mm, on tombe dans du téléobjectif et à l’inverse des grands-angles il y aura une compression de la perspective. Dans ce cas, les objets et les plans sembleront plus rapprochés qu’ils le sont en réalité. On utilise souvent le téléobjectif court pour du portrait, entre 85mm et 135mm. Ceci va diminuer la grosseur du nez, puisque la compression va le rapetisser légèrement. L’inconvénient est que si on prend un long téléobjectif, 300mm par exemple, cette même compression va aplatir le visage et l’élargir, puisque la partie de la joue près de l’oreille va sembler être sur le même plan que la bouche.

La photo sportive et animalière sont de bons candidats pour l’usage de longs téléobjectifs. Attention de développer un amour pour ce type de photo, un 400mm pas médiocre de Canon est 1500$ et le bon est 16 000$ et vous devrez engager un sherpa pour le porter.

La macro

Chaque objectif à une distance minimale à laquelle la mise au point peut se faire. Des fois, c’est écrit sur le côté de l’objectif avec ou sans petite icône de fleur. Sur ma 70-200mm c’est 1.2m, alors si je tente de m’approcher de mon sujet à 70cm, pas de chance pour la mise au point, elle sera toujours floue. C’est irritant lorsque l’on veut capter un détail d’un sujet de près, une jolie fleur ou l’iris d’un oeil par exemple. C’est là que posséder un objectif de type macro offre l’opportunité de s’approcher de son sujet et remplis le cadre avec un détail. Il n’y a pas une longueur focale particulière propre à la macro, il existe des grands-angles et des téléobjectifs avec cette capacité. Je recommanderais tout de même de tester une version entre 60mm et 90mm pour commencer, plus qu’une copie qui est très large ou ultra serré comme une 150mm.

Stabilisation
Une technologie pratique à retrouver dans une lentille est la stabilisation d’image. C’est généralement écrit comme IS sur Canon, VR sur Nikon, OSS sur Sony et OIS sur Fuji. Lorsque vous captez une photo, il y a une limitation physique à notre capacité à tenir à main levée la caméra avant que nos propres petits mouvements créent du flou dans la photo. Généralement, nous sommes capables de tenir à main levée une image à 1/sur la longueur focale. Vous pouvez vous rafraichir la mémoire sur la vitesse d’obturation en photo.

Donc si vous avez une 200mm vous serez probablement capable de prendre une image à 1/200e de seconde sans introduire de mouvement. N’oubliez pas de tenir compte de la grosseur de votre capteur, si c’est un APS-C multiplier par le 1.5 ou 1.6. Alors notre 200mm qui est l’équivalent de 300mm sur Nikon se tiendrait à la main à 1/300e de seconde (ou 1/320sec si on veut être pédant, puisque c’est la vitesse offerte sur la caméra). La stabilisation d’image vient nous donner un coup de pouce afin de compenser pour nos petits défauts de stabilité. On peut régulièrement sauver deux stops ou plus avec la stabilisation. Donc notre 1/200e de seconde serait probablement encore net à 1/50e de seconde grâce à cette technologie.

L’inconvénient? Il faut tout de même tenir compte de notre sujet, si lui est en mouvement, on pourra tout de même avoir du flou sur celui-ci même si le reste de la photo est bien net. Donc, si j’utilise un objectif à 200mm pour capter de l’action au volleyball et que je travaille à 1/50e de seconde puisque l’éclairage dans un gym scolaire est universellement mauvais, mon joueur sera probablement flou puisque son mouvement sera trop rapide pour être gelé à 1/50e. Et c’est un poids de plus dans l’objectif d’avoir la mécanique pour cette stabilisation. Et évidemment, c’est plus dispendieux. Ma recommandation : Ne pas trop s’en soucier sur un objectif standard de 18-55mm, mais sur un téléobjectif du genre 70-200mm c’est une option intéressante.
La puissance du zoom sur votre objectif photo
Quand on s’équipe en photo reflex ou mirrorless pour la première fois, j’entends souvent les gens qui ont eu l’habitude de travailler avec des caméras avec zoom intégré parler en termes de zoom 20x ou autre pour juger de la qualité de leur objectif. Plus il y a de x, mieux c’est. Moi qui préfère mes objectifs en 1x (qui ne zoom même pas) j’ai toujours le désir de corriger ou du moins expliquer ce que cette caractéristique implique. Comme les mégapixels, la puissance du zoom est un point facilement vendeur pour des gens qui ne s’y connaissent pas trop, alors c’est le détail sur lequel on accroche trop souvent.

En photo, on fait incessamment des compromis. Pour choisir un objectif, sachez que plus on multiplie la longueur focale de notre zoom, soit qu’on sacrifie de la qualité optique et une plus grande ouverture ou on ajoute du poids et un coût pour du verre supplémentaire afin de maintenir la qualité. Il existe des superzoom de 18-200mm – un objectif de 11x ou 200/18 – et plus encore maintenant qui sont populaires pour la photo de voyage. Cela permet de se promener avec un seul objectif sur l’appareil en tout temps et prendre une photo de (semi) grand-angle de paysage ou un détail architectural ou d’oiseau sans l’inconvénient de changer d’objectif. Le sacrifice est que l’ouverture sera variable, de F3.5 à F6.3 à sa plus longue focale dans le cas de la 18-200 de Canon et en plus la qualité optique est plutôt basse, la netteté de l’image dans les coins est horrible si on se fie aux critiques.
Selon moi, les zooms avec une étendue de 3x à 4x dans leur longueur focale semblent offrir le meilleur mélange de qualité et versatilité. La 18-55mm se classe dans cette catégorie, si on divise sa longueur maximale par sa minimale, nous avons un ratio de 3.05 ou 3x si l’on arrondit. Même chose pour une 70-200mm ou une 24-105mm qui sera de 4x. En bonus, les meilleurs zooms n’ont pas d’ouverture variable, alors si je me procure une 24-105mm F4.0, son ouverture maximale ne changera pas entre les deux extrémités, contrairement à la 18-200mm qui laisse entrer presque 4 fois moins de lumière à 200mm qu’à 18mm.

Les zooms offrent tout de même une grande versatilité, il n’est pas toujours possible de se déplacer physiquement, pensez à un spectacle par exemple.
Les marques d’objectifs photo
Lorsque l’on s’équipe avec un boitier d’une marque, c’est comme se marier. Une fois que l’on achète des objectifs, qui sont compatibles avec la monture de cette marque, on ne peut pas les mettre sur un boitier de marque différente. J’ai une 6D de Canon et plusieurs objectifs; j’ai également des Sony a7 et des objectifs de leur système. Un divorce coûte cher ou dans mon cas, la polygamie. Je recommande de rester dans le système que vous utilisez déjà si vous avez mis des sous pour des objectifs. Fuji, Canon, Nikon, Sony, peu importe la marque, vous aurez de bons résultats. Je n’ai pas d’expérience avec les modèles avec capteurs 4/3 comme les Olympus. De ce que j’ai vu, j’aurais de la difficulté à tolérer leurs limitations quant à créer une profondeur de champ plus limitée.

Vous aurez sans doute vu des objectifs de marque Tamron, Tokina ou Sigma. Il y en a d’autres, de qualité variable. Je vous recommanderais de lire des critiques sur un objectif de ce type avant de vous lancer. Les 3 grands que j’ai nommés ont souvent du très bon stock, particulièrement Sigma avec la série Art qui a dans certains cas une meilleure optique que les « vraies » marques. Et à 60-70% du prix des Canon et autres. Leur seule vraie faiblesse est généralement une mise au point moins rapide ou précise. Mais dans bien des cas, on ne remarque pas la différence.
Je songe sérieusement à la 135mm de Sigma pour ma Sony, une bonne qualité et 1000$ de moins que la version Sony. Une bonne nouvelle avec les objectifs, c’est qu’ils maintiennent leur valeur de revente, alors dans bien des cas, vous pourrez vous attendre à seulement perdre 30% de la valeur de votre investissement, même plusieurs années après achat. Il m’est même arrivé d’acheter un objectif usagé et la revendre quelques années plus tard pour plus que ce que j’ai payé. La technologie change rapidement, alors les boitiers ont tendance à perdre de la valeur, mais le verre dans les objectifs est dispendieux à transformer.

CONCLUSION
Alors, maintenant que nous aurons vu ensemble les types d’objectifs et leurs principales propriétés, c’est quoi la suite? Comment allez-vous choisir votre prochain objectif de caméra? Aller au magasin et loader la carte de crédit? Eh bien, pour ceux qui me connaissent personnellement, je suis riche en parcimonie quant à l’équipement. Cela fait 10 ans que je suis dans le métier et j’ai 4 objectifs pour ma Canon et 3 pour ma Sony. Donc, ma recommandation est de prendre ces nouvelles informations et de vous pratiquer avec ce que vous avez déjà. Découvrez vos intérêts et les limites de ce que vous pouvez faire avec votre caméra. Ensuite, aller vous gâter avec un nouvel objectif au besoin.
Alors, chers photographes, je vous dis à la prochaine!
Et n’oubliez pas de partager l’article, merci!
Nigel
Bonjour NIgel,
Je suis ton blog depuis un bon moment et je trouve tes informations très intéressantes et pertinentes. Pour ma part, je possède un arsenal Olympus depuis bientôt 5 ans. L’EM1 Mark2 depuis 2 ans, avec les objectifs PRO (7-14, 12-14 et 40-150 mm) tous à ouverture constante de 2.8 mm et d’autres objectifs fixes, 25 mm et 45 mm f1.8. Je concède l’avantage en faible lumière aux capteurs plein format quoique la montée en ISO sur mon Olympus est plus qu’acceptable jusqu’à 3200. Quand au bokeh que j’obtient dépend de la focale utilisée. Une fois bien maitrisé, j’obtiens des résultats très comparable à la « compétition FF » ;-).
Je continue à te suivre Merci
Yvon
Bonjour Yvon
Merci du commentaire. Je suis content que tu donnes ton avis sur L’Olympus car justement je n’ai pas d’expérience personnelle avec l’appareil. En fait, le plus important est de se pratiquer et s’habituer avec l’équipement que l’on a. La meilleure caméra est celle que l’on a avec nous. Et pour la profondeur de champ, la taille du capteur va jouer dans l’équation, mais pas autant que ta longueur focale et la distance entre toi, ton sujet et l’arrière-plan. Même en étant un snob FF 😉, des fois je songe à m’acheter un petit capteur pour ne pas avoir de soucis de profondeur de champ plus grand avec n’importe quoi en haut de 70mm. Je fais une séance pratique de portrait par semaine en studio ces temps-ci, et je dois constamment faire attention de photographier à F11 avec une 85mm si mon sujet est tourné à 45 degrés. Autrement j’ai un œil de flou. Live and learn 😊