Le triangle d’exposition – comprendre l’exposition en photo

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under and over exposed shots

Si vous commencez tout juste à apprendre la photo, vous aurez sans doute entendu parler du triangle de l’exposition.

Qu’est-ce que c’est ce mystérieux polygone? Le triangle d’exposition est une manière de comprendre comment l’appareil photo voit la lumière et arrive à réaliser une photo qui n’est ni trop sombre (sous-exposée) ni trop brillante (sur-exposée). Qu’elles sont les faces de ce triangle?

Il y a l’ouverture de la lentille.

Il y a la vitesse d’obturation.

Et il y a l’ISO.

Ces trois variables, en diverses combinaisons, vont laisser entrer suffisamment de lumière dans votre appareil pour avoir une exposition que l’appareil juge correcte. Elles sont interconnectées, alors si vous en changez une dans une direction, il faut en changer une autre dans la direction inverse pour avoir la même exposition.

Avant de commencer à vous expliquer les concepts et la théorie, j’aimerais vous raconter une histoire.

Il fut un temps dans ma jeunesse que j’avais huit abdos. Oui, oui, pour vrai. Je lisais des magazines avec des trucs pour s’entraîner, plus souvent que je m’entraînais (un peu comme vous qui lisez sur la photo? Une honte!)

Je me rappelle d’un article sur les entraînements des sauveteurs à Hawaii. Il y avait beaucoup de sprints sur la plage et de natation. Mais ce dont je me rappelle, c’est l’exercice sous l’eau: les sauveteurs en devenir devaient prendre des roches de 50lbs sur le fond marin et les traîner 50m ou quelque chose en tenant leur respiration. Apparemment, avant de sauver des vies, il faut sauver des roches. Alors braves et naïfs apprentis photographes qui voulez apprendre la photo, prenez une grande inspiration car c’est vous qui êtes submergés, votre roche, c’est notre fameux polygone.

Le triangle d’exposition est malheureusement un des éléments les plus difficiles à apprendre en photographie.

Vous n’avez pas encore appris à nager, mais vous devez tirer des grosses ***** de roches SOUS L’EAU. Pitié, même Sisyphe avait droit à un peu d’oxygène! Et le plus difficile dans tout ça, c’est de gérer la peur de l’inconnu. Le truc c’est de ne pas se noyer et de faire un peu mieux à chaque tentative.

C’est bien pensé que ça soit la première chose que l’on doit apprendre non?

Darwin serait fier.

La physique optique n’a visiblement pas suivi de formation en pédagogie.

C’est vous ça: et fiez vous pas sur moi pour vous tenir les épaules!

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Source: https://www.triswimcoach.com/the-benefits-hypoxic-sets/

La bonne nouvelle, c’est que quand il sera temps d’apprendre la balance des blancs ou la mise au point, vous aurez l’air de ça

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Source: https://www.dhgate.com/product/summer-children-039-s-inflatable-floating/401217972.html

Fabuleux, non?

Bon, assez d’histoires.

Comment le triangle d’exposition marche?

Il y a trois variables qui vont avoir un impact sur si votre image est correctement exposée, votre photo doit être suffisamment clair, mais pas trop.

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Règle générale, on veut une photo ni trop foncée ni trop brillante, mais juste parfaite. Boucles d’or aurait été une photographe douée.

Donc nos trois variables du triangle d’exposition, c’est quoi leur raison d’être?

L’ouverture de la lentille:

Chaque lentille laisse entrer de la lumière. Chaque objectif  à également une ouverture maximale et une ouverture minimale. C’est ça les F avec un numéro. F4.0, F5.6, F8.0 et ainsi de suite. Plus le chiffre est bas, plus il y a de lumière qui entre dans la lentille. Plus le chiffre est élevé, moins il y a de lumière qui entre dans la lentille. Simple. Illogique et l’inverse de se qu’on croirait naturellement, mais simple. C’est plus compliqué que ça, mais pour nous ça suffit.

Alors, pourquoi ne pas toujours ajuster notre lentille à sa plus grande ouverture? C’est astucieux de vous demander cela. Trop astucieux même, arrêtez de vous poser trop de questions. La réponse se trouve potentiellement dans cet article sur l’ouverture de l’objectif. Je passe 90% de mon temps en mode priorité ouverture en conjonction avec la compensation d’exposition pour réaliser mes photos.

La vitesse d’obturation:

La caméra, en prenant la photo, va seulement laisser le capteur être exposé à la lumière pour un certain temps. Chaque modèle de caméra à une vitesse maximale la plus courte, 1/8000 e de seconde par exemple et une vitesse maximale la plus longue*, 30 secondes généralement. Donc, vous pourriez prendre une image qui enregistre votre sujet pendant un laps de temps minuscule, pratique pour voir une voiture de la formule 1.

La vitesse d'obturation est un des variables du triangle d'exposition.
Il n’y a pas de formule 1 sur mon île et l’ado apprenti-courseur en Honda Civic n’est pas aussi hot qu’il le croit. Avec une vitesse d’obturation rapide, cela me permet de geler l’action de la vague dans cette photo.

Ou laisser la caméra enregistrer le passage du temps pendant des dizaines de secondes

La vitesse d'obturation est l'une des variables du triangle d'exposition.
Une longue exposition d’un paysage maritime. C’est un très bon sujet sur lequel pratiquer notre vitesse d’obturation.

Ou n’importe quoi entre les deux. Vous pouvez poursuivre vos lectures sur la vitesse d’obturation.

  • c’est possible de configurer des plus longues poses, des heures si on veut, oui, mais on va l’ignorer pour le moment.

L’ISO:

C’est la sensibilité de votre capteur à la lumière. On peut la changer, chaque fois qu’on la rend plus sensible, cela nous permet de travailler avec moins de lumière pour avoir la même exposition. Cela finit par devenir un pacte avec le diable, parce que chaque fois que l’on augmente la sensibilité, on dégrade également un peu la qualité de notre image. Trouvez les détails dans cet article sur l’ISO en photo*

*Je ne demande qu’un fragment de votre âme en retour, ça vaut full cher sur ebay.

Il y a généralement une analogie qui est donnée pour expliquer simplement comment ces trois variables interagissent.

Vous pouvez même faire le test de manière sécuritaire à la maison. Il vous faut un robinet et un verre. J’ai menti, il vous faut 2 verres de grosseur différente.

Votre mission? De remplir le verre complètement sans le faire déborder. En photo, on veut une image qui est correctement exposée, qui n’aura reçu ni trop peu ni un peu trop de lumière. (syntaxe?!?Antidote abandonne)

Je vous explique. Prenez un (1) verre vide. Allumez votre robinet à son plein débit. Remplissez votre verre. Cela à pris combien de temps?

Répétez avec un débit plus bas, disons la moitié. Le temps nécessaire pour le remplir a-t-il été plus élevé? Je pari que le temps à doublé! Bravo! Vous êtes maintenant qualifié à prendre des photos de votre chat.

Votre ouverture de lentille, c’est comme le débit d’eau, plus il sera grand ouvert, plus le capteur reçoit de lumière.

Si l’ouverture de votre lentille est plus petite, il faudra plus de temps pour exposer votre image dans les mêmes conditions lumineuses.

Maintenant l’ISO dans tout ça? Votre deuxième verre, il est plus petit ou plus grand que le premier? S’il est plus petit, vous avez rendu votre ISO plus sensible, donc plus élevée. La conséquence, cela prendra moins de temps à remplir et vice versa si le verre est plus grand que le premier.

Comment eviter les distractions en photo.jpg

Je suis sérieux, c’est un exemple qui est souvent utilisé pour expliquer l’exposition parce qu’il est simple à comprendre. Mais si votre objectif de départ en photo est d’avoir une image correctement exposée, laissez votre caméra en mode automatique.

La caméra est une machine hyper perfectionnée qui est amplement qualifiée à remplir son propre verre d’eau sans votre aide. Elle a été conçue par des ingénieurs particulièrement ingénieux. Et vous (et moi), nous sommes à quelques chromosomes d’un régime beaucoup plus riche en bananes.

Alors votre rôle c’est quoi? Mis à part peser sur le piton du déclencheur?

D’avoir du goût. Vous êtes cool de même. Une photo n’est pas un verre d’eau qui ne goûte rien.

C’est censé provoquer une réaction,

nous faire ressentir une émotion.

C’est une histoire en forme visuelle.

Je vais vous raconter, vous l’aurez deviné, une fable. Dans le livre du Guide Galactique de Douglas Adams (oui, j’adore l’humour britannique), il y a une multinationale qui dans son univers intergalactique absurde est sa version de Coca Cola. Le Sirius Cybernetics Corporation est tellement gigantesque comme compagnie que leur division des plaintes occupe la surface de trois planètes. Leur produit qui provoque le plus de plaintes est le Nutri-Matic. Une machine qui vous scan et analyse vos papilles gustatives, votre métabolisme et vos goûts pour ensuite vous concocter un breuvage chaud taillé sur mesure pour faire votre bonheur. Le seul défaut, c’est que sans faute, vous recevez une tasse en plastique remplie d’un liquide presque, mais pas tout à fait, similaire au thé.

Votre caméra fait exactement pareil! Vous regardez une scène, les couleurs sont superbes, la lumière est belle, il y a un sujet captivant, vous prenez la photo et la caméra devine ce que vous avez en tête. Généralement, ce n’est pas un désastre, mais ce n’est pas tout à fait ce que vous vouliez non plus.

Plutôt que de remplir un verre d’eau, imaginez une photo comme une tasse de café. Les bons, pas la mélasse en filtre.

Est-ce qu’il y a une différence de goût entre un espresso et un cappuccino? Et un latte? Si vous remplissez votre tasse au 3/4 de café ou au 3/4 de lait, ça ne goûte pas pareil. Le but n’est pas d’avoir une tasse bien remplie.

Si vous savez dès le départ de votre parcours à apprendre la photo que les variables de notre triangle d’exposition ont des conséquences visuelles, vous allez vous en sortir. Chaque variable va donner un effet visuel un peu différent. L’ouverture de la lentille? Oh, elle nous permet de créer des flous de profondeur de champ, comme dans ce portrait.

DSC05400

A) Elle n’est pas tout nu. Je ne fais pas de calendriers moi. B) Remarquez maintenant la transition progressivement plus floue dans l’eau. C’est avec une grande ouverture que je peux réaliser cet effet. C) La photo est légèrement et volontairement sous exposé. Le posemètre aurait normallement augmenté l’exposition.

Ou à l’inverse, de tout voir dans ma photo de paysage, c’est net sur tous mes plans.

Ici, l'ouverture de l'objectif permet d'avoir tous les plans de notre photo nets.

Ici, je dois utiliser une petite ouverture pour avoir l’algue en avant-plan et l’île en arrière nettes. En bonus, le temps de pose est également assez long – sur trépied – pour donner le mouvement dans l’eau.

Et la vitesse? Cela m’ouvre la porte pour interpréter le passage du temps d’une manière créative. Est-ce que je veux geler les oiseaux au vol, ou je veux voir une tempête de plumage flou?

Geler le mouvement dans une photo avec la vitesse d'obturation
On est tous nés avec la croyance que nous aussi pouvons voler! Les oiseaux au vol sont gelés en raison de la vitesse d’obturation, mais sont flous en raison de ma profondeur de champ, qui elle est contrôlée par l’ouverture de l’objectif.

Il y a une décision créative, la vôtre, pas la caméra qui vous recrache sa version moche poche (Har Har) de thé.

Et l’ISO, on oublie ça pour le moment, il n’y a peu ou pas d’impact créatif. Yay! Une chose de moins à l’examen! On verra que l’ISO c’est un peu comme l’atout dans un jeu de cartes, cela nous permettra de résoudre des problèmes avec nos deux autres variables.

J’irai en détail dans d’autres articles à élaborer ces concepts, mais sachez qu’ils existent. Et ils vous permettront d’aller bien plus loin en tant que photographe que de simplement viser une photo correctement exposée.

Je n’ai pas passé beaucoup de temps encore à vous expliquer comment les variables du triangle d’exposition fonctionnent, c’est intentionnel. Je voulais d’abord modifier votre attitude, votre perception de l’objectif derrière une photo « correctement » exposée. C’était un piège je sais, mais dans les articles spécifiques à l’ouverture de la lentille, à la vitesse d’obturation et à l’ISO, nous verrons plus d’exemples concrets.

Comment prendre ces décisions ? C’est pour ça que vous lisez ce blogue et que vous consultez tous les autres ressources en ligne pour apprendre la photo.

Je ne vais pas vous donner toutes les réponses aujourd’hui. Mais je vous promets des réponses ou certainement des questions intéressantes à vous poser vous-même. Rappelez-moi dont les trois variables du triangle d’exposition?

Je veux juste vous remettre ce morceau du casse-tête pour débuter. Avec l’exposition, les variables ont un impact visuel et que votre responsabilité est de prendre des décisions créatives. Et les décisions techniques ? Dans la majorité des cas, la caméra est plus douée pour les prendre. Surtout lorsque vous commencez. À suivre. Et si vous commencez en photo, assurez-vous de commencer avec le plus important, cliquez pour lire sur le choix de votre sujet

Et n’oubliez pas de partager l’article, merci!

Chers photographes, je vous dis à la prochaine!

Nigel

Pour en lire davantage sur le sujet, voici une liste d’articles de mes camarades/Némésis/experts plus compétents :

Laurent Virginie

8 commentaires sur “Le triangle d’exposition – comprendre l’exposition en photo”

  1. Bonjour Nigel, Merci pour votre blog bien imagé pour comprendre l’aspect technique plutôt aride. J’ai surtout bien apprécié votre article sur le sujet de l’image.
    Pour ce sujet-ci: Si je prend une photo au ralenti avec une basse vitesse, je me trouve en position de sur-exposition dans la plus part des cas. Il existe des filtres gris pour des caméras réflex. Mais pour des caméras sans cette possibilité comment je puis résoudre cette difficulté?

    1. Merci pour ton commentaire, ça fait toujours plaisir à entendre que l’article simplifie une technique complexe. Pour ton cas de longue exposition, il y a effectivement un plafond avant de surexposer dans certaines conditions. Il y a deux ajustements à faire pour t’aider à avoir la plus longue exposition possible. Tu dois utiliser la plus petite ouverture possible sur ta lentille, probablement F22 ou F32 dans la plupart des cas. Et tu dois ajuster ton ISO au plus bas, souvent 100 mais des fois 50 ou 200. Ensuite si tu veux pousser ton temps de pose encore plus loin, il faut nécessairement les filtres gris dont tu parles. Le vrai nom est filtre de densité neutre. Ou filtre ND comme on le voit plus habituellement. Tu ne peux pas viser un filtre sur ton appareil si je comprends bien? Tu pourrais toujours prendre un filtre de densité neutre et le tenir à la main coller contre ta lentille. Je peux te donner quelques modèles pertinents si tu veux. Quel est l’appareil que tu utilises?

  2. ok. J’utilise assez souvent le petit appareil X30 de Fudji et il est limité à F11. J’ai aussi un reflex Nikon 7100 avec ce type de filtre qui est un grade 10 (si je ne me trompe) ou le plus sombre. Je trouve cela un peu trop sombre puisque je ne voie pratiquement rien dans la luminosité moyenne ou moins.

    1. Ah oui, la Fuji serait plus difficile à régler. Il existe très peu de filtres ND de 40mm pour visser sur cette lentille. J’ai trouvé la Haida HD2019-40, mais c’est aussi un grade 10. Il faut faire la mise au point sur le sujet avant même de mettre le filtre. Il y a des step up ring qu’on peut acheter pour faire fonctionner un filtre plus grand sur un plus petit objectif, mais je n’en utilise pas, alors je ne pourrais pas te dire si ça fonctionne bien.

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