L’histogramme pour juger de l’exposition de votre photo.

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L’histogramme en photo deviendra sans doute un outil précieux dans votre apprentissage de la photo. Ce graphique que l’on peut afficher sur la caméra ou en post traitement dans Photoshop ou Lightroom vous servira à évaluer l’exposition de votre photo. On y retrouve la distribution des ombres, des tons moyens et des tons clairs de notre photo. C’est ça tous les pics et vallées. On reviendra à comment le lire sous peu. Pas besoin d’être dans la Matrice pour déchiffrer le tout.


Cela fait déjà 15 articles que j’écris sur le blogue et la plupart ont un lien direct avec l’exposition de votre photo. Si vous ne l’avez pas fait, je vous recommande la lecture et la pratique du triangle d’exposition ou même des trois variables individuellement avec l’ouverture de l’objectif, la vitesse d’obturation et l’ISO. Ensuite, les modes de mesure vous donneront une meilleure compréhension du fonctionnement de l’appareil dans l’évaluation de l’exposition.

L’histogramme comme outil d’évaluation – pas de correction

Je dirais que le mode de mesure vous permet d’anticiper une situation, je pourrais ajuster ma mesure à spot si je voulais juste exposer pour une infime partie de mon cadre. Je peux aussi faire de la correction pour un problème de mesure avec la compensation d’exposition.

Un histogramme avec beaucoup de tons clairs.

L’histogramme se trouve dans une catégorie différente à mon avis. Ce n’est pas un outil de correction. Il n’interviendra pas pour changer la façon que la caméra mesure la lumière ou l’expose. 


Plutôt, c’est un outil d’évaluation. Ce graphique permet de vous même juger de l’exposition de votre photo. À noter que l’on peut afficher l’histogramme sur notre caméra (pour la grande majorité des modèles).

Pour une caméra reflex, on peut l’afficher sur l’écran de l’endos de l’appareil lors de la prise de l’image, mais je ne le recommande pas vraiment. Pour une caméra mirrorless (qui n’a pas de miroir, votre viseur est un écran), vous pouvez afficher l’histogramme lors de la capture sur l’écran derrière ou dans le viseur aussi puisque c’est un écran. Je ne le recommande pas particulièrement non plus, puisqu’avoir un graphique superposé sur votre cadre comporte des risques majeurs pour la composition de votre image. C’est une très grande distraction. 


Alors, si je ne recommande pas utiliser cet outil en direct lors de la prise de votre photo, pourquoi j’en parle? Habituellement les trolls négatifs se retrouvent dans les commentaires, pas comme auteur.


Parce que la vraie puissance de cet outil est après la prise de votre photo. Imaginez que vous êtes à un tournoi de soccer ou en vacances sur une plage méditerranéenne. Vous sortez votre caméra et poser ce qui vous semble du premier coup, un chef-d’oeuvre. Une fois que vous avez capté votre sujet, vous jetez un regard excité sur l’écran de votre caméra. Vous vous voyez plus que votre image. Il y a tout simplement trop de reflets du soleil. Dans ce cas, l’histogramme vous donnera des informations précieuses sur l’exposition de votre photo. Ne pouvant évaluer la brillance de la photo sur l’écran, à l’aide de l’histogramme on peut au moins juger s’il y a des problèmes majeurs d’exposition sur notre image.

Sur un boitier Canon on peut généralement afficher l’histogramme en cliquant le bouton Disp ou Info quelques fois lorsque vous êtes en train de regarder vos photos. Pour Nikon il me semble qu’il faut peser sur un des boutons directionnels, par en bas de mémoire.

La première fois que vous voyez votre histogramme, vous avez sans doute l’impression de regarder un tableau de la bourse. J’espère que vous avez vendu avant le crash!

la distribution des tons dans un histogramme

C’est relativement simple lorsque l’on sait comment le lire. Dans la partie gauche, on retrouve la quantité de pixels foncés, les ombres et les noirs. Dans la partie centrale, ce sont les tons moyens. Et à la droite, c’est les tons clairs et les blancs. La hauteur des pics dans le graphique représente le nombre de pixels qui ont cette valeur lumineuse.

Et la photo associée à cet histogramme? C’est la toute première de l’article. Les glaces sont le gros pic à la droite. Cette image est même légèrement sous-exposée ou trop sombre. C’est pour ça que le pic à droite ne se rend pas au bout du graphique.

Un histogramme « parfait »

L’objectif en consultant l’histogramme est de s’assurer qu’il n’y a pas de parties de notre image qui sont surexposés (qui ferait un grand pic au bout à droite et un vide à gauche) ou sévèrement sous-exposé (grand pic à gauche et rien dans les autres parties). On va regarder des exemples de photos avec des problèmes sous peu. En théorie, un histogramme parfait aurait une belle cloche au milieu. Beaucoup de pixels dans les tons moyens et une distribution jusqu’aux deux bouts du graphique pour que les ombres et tons clairs soient également présents.

Cette utopie pixelisée ne se trouve à peu près jamais et peut également présenter de sévères problèmes de composition. Techniquement, c’est la perfection, mais le résultat créatif à le risque d’être très peu contrasté comme cadre. Voici un exemple qui me plait parce que je voulais superposer les diverses couleurs dans les lagunes en automne, mais la luminosité est similaire à travers le cadre.

Si on décortique le graphique, la cloche représente l’ensemble des tons moyens dans la dune et le marais. Le pic un peu plus à droite, c’est la brillance du ciel.

L’histogramme pour évaluer les problèmes

La vraie valeur de l’histogramme est de nous avertir de problèmes majeurs avec notre exposition. Si tous les pixels se retrouvent d’un bord ou de l’autre, c’est un indice qu’il peut y avoir un souci d’exposition.

Reprenons notre première photo, mais avec un ajustement.

Ici on remarque facilement que la photo est sous-exposée. Il n’y a simplement pas de tons clairs dans le cadre, ce qui est étrange puisqu’il y a de la glace. L’histogramme reflète également ceci puisqu’il n’y a pas de pixels passé le milieu du graphique.

À l’inverse, une photo surexposée peut avoir un histogramme comme celui dans cette version:

Ce sont des exemples extrêmes, mais c’est tout de même important à tenir compte lors de la prise de vos photos. Si vous n’êtes pas sûr que l’image est correctement exposée, jeter un coup d’oeil rapide au graphique.

Les alertes de l’histogramme

Le danger sur lequel les photographes débutants se butent est de surexposer une partie importante de l’image. Une caméra digitale actuelle est extrêmement performante, même si vous avez un petit budget , mais rien n’équivaut à la sensibilité de nos yeux. Il arrive donc fréquemment qu’une scène soit trop contrastée et que la caméra ne soit capable d’enregistrer du détail aux deux extrémités de la luminosité. On crame facilement nos tons clairs, qui deviennent blancs, sans détail.

Lorsque nos pixels frappent le mur à une extrémité de l’histogramme, ils sont soit parfaitement noir ou blanc. Cela cause des soucis, puisque l’on ne peut pas récupérer cette information en post traitement. Une photo plus que légèrement surexposée ou sous-exposée est généralement considérée perdue. Si vous travaillez en RAW, il y a plus de latitude, mais c’est une bonne pratique de toujours viser une exposition adéquate sur le terrain et non en post traitement.

Quand on frappe les extrémités de l’histogramme, on le décrit comme l’écrêtage.

Dans Lightroom, je peux activer l’alerte de l’écrêtage des hautes lumières en cliquant le triangle en haut à droite dans l’histogramme. Le bloc rouge sur la théière m’indique que ces pixels sont cramés. On peut également activer cette fonction sur la plupart des caméras. L’alerte de surexposition fera clignoter en rouge les pixels brulés lorsque l’on regarde nos photos sur la caméra, pixels qui sont complètement blancs.

Dans Lightroom, je peux également activer une alerte pour les noirs bouchés. On évite généralement d’avoir beaucoup de noir pur dans notre photo, mais si l’on doit choisir, il est recommandé de ne pas bruler nos blancs en priorité.

J’ai fait un léger ajustement à mon exposition pour ne pas avoir de blancs purs et des tons foncé avec moins de noir.

C’est toujours une question de goût. Si je veux une photo plus contrastée, c’est un choix. Il suffit de comprendre les outils à notre disposition pour ne pas laisser la caméra agir à son gré.

Prendre l’histogramme avec un grain de sel

Une fois que vous avez compris le principe de l’histogramme, il semble simple. On vise avoir une distribution des tons sur l’ensemble du graphique et on ne veut pas d’écrêtage.

Comme avec toute la technique photo, c’est un peu plus compliqué. Rappelons-nous comment il est facile de confondre le posemètre. Dans des situations très contrastées, c’est-à-dire la majorité des cas, il faut se méfier de la forme de l’histogramme. Vous verrez régulièrement des histogrammes de toutes les formes imaginables. Il faut prendre le soin d’évaluer le contexte dans lequel vous photographier pour déchiffrer la distribution des tons de votre image.

Pour citer la série télévisée Pushing Daisies, des fois il ne faut pas juste prendre l’histogramme avec un grain de sel, mais plutôt avec un de ces blocs qu’on donne aux vaches.

Dans cette photo, l’histogramme m’indique que je manque de tons clairs et que j’ai une très grande quantité de tons foncés. Tant mieux! C’est bien parfait si on voit mes sujets réfléchies dans la vitre. Les casques des gardiens sont de bons indicateurs de l’exposition de mes sujets. S’ils étaient sombres, je me soucierais de mon exposition.

À l’inverse, ici mon joueur en action est complètement encerclé de glace blanche. L’histogramme m’indique un danger de surexposition, mais la réalité est que je dois voir mon joueur habillé en noir sur un fond plus clair.

L’histogramme pour la photo de paysage

Un défi fréquent d’exposition est de correctement exposer le ciel dans une photo de paysage. Le ciel est toujours plus lumineux que le sol, alors le contraste crée régulièrement des soucis d’exposition. À moins d’être équipé avec des filtres de densité neutre pour votre appareil, je recommande de ne pas complètement surexposer votre ciel. Il faut s’assurer que le sol de votre paysage soit bien éclairé, mais on sacrifie généralement du détail dans le ciel. On reviendra sur ce défi dans un article complet sur la photo de paysage.

Je sais que l’histogramme peut sembler un outil complexe, mais il suffit de tranquillement l’intégrer dans votre processus si vous avez des problèmes avec votre exposition.

Ce n’est pas une solution miracle, il faut être conscient du contexte de votre photo et des limitations de votre appareil.

Avec le temps, mis à part le consulter dehors au soleil, c’est un outil que vous n’aurez pas besoin d’utiliser fréquemment.

Alors, chers photographes, je vous dis à la semaine prochaine!

Et n’oubliez pas de partager l’article, merci!

Nigel

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